La couleur va son élan comme le cœur impulse son rythme au sang, comme la Sorgue se défait entre les roches et peigne échevelant ses algues. La couleur – parfois noir contre blanc – bien que veloutée, se fait hirsute, mord sur l’autre, s’affranchit du contour, s’évade des formes closes, déborde ivre de teindre le monde. Bleu roi, violet, carmin s’énamourent; le vert est rivière et algue et vent et herbe de la rive; le soleil fait tache rose, mauve, jaune, indigo.
Dominique Limon dont le trait dresse, ramasse vers le ciel, donne liberté à la palette, insurge les mots, fait polémiquer les tailles et contre-tailles. Il sait, berger, qu’à son signal le troupeau rameuté le suit. Flûte de pan ses brosses et pinceaux qui font danser la toile, ses prairies colorées, culbutent ses plans, soulèvent les plages polychromes. Dans le bougé de l’instant le saisit le furtif d’une nymphe, le charme d’un pas ancien, l’enchantement de l’enfance : Atlanta qu’estompent la netteté de la ligne ou la douceur d’acrylique. Visages, corps s’immiscent, disparaissent dans un rideau de roseaux, herse ou réseau effaçant ce qui passe.